Le téléphérique urbain sud à Toulouse : un transport en commun, intégré au réseau

publié le 4 février 2019 (modifié le 15 février 2019)

Le téléphérique a été inventé en Europe à la fin du XIXe siècle et son image reste associée à celui des sports d’hiver ou au charme désuet des visites touristiques.
A Toulouse, il s’agit de marquer une rupture avec cet imaginaire pour intégrer le téléphérique dans le réseau des transports publics et en faire un mode de déplacement comme un autre.

Le téléphérique, un transport en commun comme un autre
@ Tisseo dossier de presse

Comment le transport par câble a été adapté au milieu urbain

La Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) a facilité cette adaptation grâce à un nouveau type d’arrêté de servitude qui permet désormais de survoler les propriétés privées. Aussi, depuis la mise en œuvre du téléphérique de Brest en novembre 2016, plusieurs projets sont à l’étude aussi bien à Créteil qu’à Marseille ou Orléans, Grenoble ou La Défense.
Selon Cyril Ladier, chef de projet au moment des études chez Tisséo Collectivités - autorité organisatrice de la mobilité toulousaine- « Ces projets ont été accompagnés par les services de l’État - DGITM (délégation générale aux infrastructures de transport et de la mer) et STRMTG (Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés)- notamment au travers de leur participation à un groupe de travail du GART (Groupement des autorités responsables de transport), rassemblant des porteurs de projet de transport par câble urbain en France afin de faire évoluer une réglementation conçue pour la montagne et l’adapter aux contraintes urbaines ».

Un projet de longue date

A Toulouse, le téléphérique a été envisagé dès 2006, lorsque s’est posée la question de la desserte du pôle de recherche sur le cancer (l’oncopole) construit sur l’ancien site d’AZF. Tous les modes de transports furent alors étudiés -métro, tramway, bus - et déjà : le téléphérique. Très innovante, cette idée a au départ plutôt suscité les moqueries du fait de l’image « station de ski » associée à ce type d’équipement.

Mais un second effet d’opportunité est venu renforcer l’intérêt de cette hypothèse lorsque l’on a cherché à relier le CHU de Rangueil (3000 patients /jour) à la station de métro la plus proche. On devait alors faire face à un dénivelé de plus de 80 mètres sur une distance d’environ 800 m au tissu urbanisé.

Peu à peu une synergie a commencé à être imaginée entre le CHU du cancer (l’Oncopole - pôle de recherche et de soin de 4500 emplois en 2020) et le CHU historique (Rangueil et ses 230 000 consultations par an) ainsi que l’université Paul Sabatier et ses 30 000 étudiants et enseignants. C’est le tracé qui sera finalement retenu : Oncopole – CHU Rangueil – Université Paul Sabatier.

L’étude de faisabilité de 2010, pilotée par la communauté urbaine du Grand Toulouse (actuellement Toulouse Métropole) l’a confirmé : le téléphérique est bien la solution la plus adaptée avec un coût de construction estimé alors à près du tiers du coût des autres modes de transport étudiés (tramway, bus en site propre et funiculaire), une fréquence d’une minute trente contre 5 minutes pour les autres modes et un temps de parcours de 10 minutes (comprenant les arrêts en station) contre 5 mn (tramway), 20mn (bus) ou 10mn (funiculaire). Enfin, il peut atteindre une capacité de 1500 voyageurs par heure et par sens, supérieure à tous les autres modes (sauf le tramway) et un potentiel de 7200 voyageurs jours à horizon 2020.

Cyril Ladier le confirme : « les performances du téléphérique sont incomparables sur ce tracé : un parcours complet en 10 minutes contre 25 à 40 minutes en voiture et 50 minutes en transport en commun actuellement. De plus avec un report modal de 18% le téléphérique contribue au délestage du périphérique au point le plus congestionné de Toulouse ».


Tracé final en ligne droite comportant le franchissement de la Garonne et un fort dénivelé

En reliant ces trois pôles on facilite aussi les déplacements professionnels dans la journée pour les professeurs de l’Oncopole qui travaillent sur ces différents sites.

Une connexion aux réseaux de métro et de bus boucle le maillage sud

Le maillage au réseau de transport sera excellent avec, d’un côté, une connexion au métro B Université Paul Sabatier (métro + bus) et avec un réseau bus structuré du côté Oncopole. La station « Oncopole » et son parking-relais de 500 places deviendra une nouvelle entrée Sud-Ouest de la métropole. A terme, le téléphérique pourrait être prolongé vers le terminus de la ligne A à Basso Cambo à l’Ouest, voire, à l’Est, vers la future troisième ligne de métro au sein du quartier de Montaudran.

Maillage du téléphérique au sud du réseau
Maillage du téléphérique au sud du réseau

Une insertion urbaine soignée

Chaque cabine offrira 35 places et acceptera les vélos. Et pas de panique : il ne sera pas nécessaire de monter en marche, démarche source de stress bien connue des skieurs cherchant à monter dans l’œuf. La cabine opérera un arrêt complet et sera adaptée aux personnes à mobilité réduite, le bruit en station et aux pylônes sera réduit. Enfin, l’insertion urbaine a été soignée et le nombre de pylônes réduits : ils seront au nombre de 5, dont le plus haut culminera à 70 mètres de hauteur.


Emprises au sol des gares et zones interdites à l’implantation de pylônes
@ Tisséo

C’est la technologie "3S" un système débrayable à trois câbles du constructeur Poma qui a été retenue. Il s’agit d’une technologie pérenne, robuste et performante qui permet une bonne intégration au site. Le coût d’investissement en infrastructure est de 72,2 millions d’euros avec une subvention Ecocité pour un montant de 550 k€. La mise en service est prévue pour fin 2020.

Un contrat de performance adapté aux contraintes urbaines
Selon Patrick Vial, chargé du projet et de mission Systèmes, au sein de la Direction Patrimoine et Investissements à Tisséo Collectivités « une des innovations majeures de ce projet porte sur les contraintes de maintenance et de disponibilité qui sont beaucoup plus élevées qu’en montagne ». Ainsi, le contrat de performance porte sur le taux de disponibilité, la fiabilité, la vitesse, le niveau de confort, les conditions d’arrêt pour maintenance, les niveaux de bruit… Le téléphérique fonctionnera de 5h à minuit 355 jours par an.

La clé de réussite du projet
Pour Patrick Vial, les clés de réussite du projet ne reposent pas principalement sur l’innovation technologique, qui a volontairement été limitée pour réduire les risques techniques mais sur l’acceptation du projet par l’ensemble des parties prenantes.
Pour lui, la clé de réussite repose sur une gestion de projet qui fait la part belle aux réunions multipartites « Après 5 ans de concertation chacun comprend les contraintes des autres et l’intelligence collective permet d’aboutir à chaque fois à la meilleure solution possible ».

Cerise sur le gâteau : une vue imprenable !

Patrick Vial et Cyril Ladier, chefs de projet Tisséo, devant l’Oncopole
@ Cerema

Même si le téléphérique n’a aucune vocation touristique, il est fort à parier que les usagers seront sensibles à la vue exceptionnelle sur la ville rose et sur les Pyrénées en arrière-plan, ainsi qu’à un accès facilité aux circuits de randonnée des plateaux de Pech David, ouvrant accès aux collines surplombant Garonne, Ariège et Lauraguais.

Contact
Patrick VIAL
Tisséo Collectivités
Chargé de mission Systèmes Patrimoine et Investissements
Patrick.vial@tisseo.fr

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