ÉcoCité Toulouse Métropole : Des pavés rafraîchissants testés pour réduire l’îlot de chaleur urbain

publié le 30 janvier 2018 (modifié le 20 juillet 2018)
M. Poulou (Toulouse Métropole) et M. de Dianous (Véolia Eau)  devant un lot de pavés rafraîchissants

M. Poulou (Toulouse Métropole) et M. de Dianous (Véolia Eau) devant un lot de pavés rafraîchissants

De la piste d’envol mythique de l’Aéropostale aux pavés rafraîchissants de Toulouse Aerospace

Alors qu’il faut à l’époque plus d’un mois pour rallier Paris à Buenos Aires par train et bateau, Pierre-Georges Latécoère - industriel visionnaire de 35 ans - imagine dès 1917 de relier par avion la France à l’Amérique du Sud via une série de sauts : Toulouse - Casablanca puis Dakar avant de traverser l’océan, en son point le plus étroit, pour rejoindre Natal au Brésil, puis Buenos Aires.

Une piste d’envol mythique pour l’Aéropostale... incluse dans un projet urbain

C’est de la piste de Toulouse-Montaudran qu’on pris leur envol les mythiques pionniers de l’aéropostale - Antoine de St Exupéry, Jean Mermoz, Henri Guillaumet - dans des aventures propres à forger l’épopée.

Le plan de la Piste des Géants et des Jardins de la Ligne

Cette piste d’envol est aujourd’hui « l’artère du projet urbain Toulouse Aerospace » selon les termes de l’architecte urbaniste du projet, David Mangin.

Elle a pour vocation de relier les industriels et chercheurs de « l’Innovation Campus » au Sud avec les habitants et équipements du nouveau quartier Toulouse Aerospace au Nord, opérations pilotées par Toulouse Métropole.

« Innovation Campus » sera l’un des plus grands sites européens de recherche et développement dans le secteur de l’aéronautique, du spatial et des systèmes embarqués. Le quartier d’habitation offrira lui 80.000 m2 de logements autour d’un pôle de commerces, de services et d’équipements culturels.

La piste historique et la Halle de La Machine
La piste historique et la Halle de La Machine
Édifice construit pour accueillir les créations de la compagnie théâtrale du même nom

Une nécessité de diminuer la chaleur ambiante

Comme on l’imagine aisément, sous un soleil estival, cette piste peut vite devenir étouffante de chaleur. Un premier mode de rafraîchissement du quartier a donc été mis en place : les eaux pluviales et celles issues de 6000 m2 de toiture sont collectées et réintroduites dans la nappe, via des bassins paysagers sous forme de jardins inondables sur 3 hectares, évoquant les destinations de l’Aéropostale : les dunes du Sahara, le Brésil, l’Argentine…

Les « Jardins de la Ligne »

Véolia Innovation propose de relever le défi du rafraîchissement urbain grâce un revêtement novateur : le pavé rafraîchissant, inconnu en Europe et importé du Japon.

Conserver l’eau sur place : le rôle des pavés rafraîchissants

M. De Dianous, directeur ingénierie de Véolia Eau, présente le changement de paradigme initié par ce système : « Pendant des années tout était fait pour sortir l’eau du territoire grâce à des infrastructures toujours plus imposantes face à des orages toujours plus forts : l’important étant de ne pas inonder. Aujourd’hui on réalise que l’eau est une richesse et qu’il faut la conserver. C’est le principe des pavés rafraîchissants ».

Le processus combine deux systèmes. D’une part, des avaloirs dépolluants qui recueillent et traitent l’eau pluviale souillée, grâce à des grilles et des filtres. L’eau obtenue est alors stockée dans un bassin souterrain puis acheminée dans des serpentins de tuyaux percés de trous. D’autre part, les pavés évaporatifs, posés sur les tuyaux, et par lesquels, l’eau monte par capillarité, s’évapore en finesse et participe à la baisse de la température.

La résidence Kley, résidence étudiante au pied duquel les pavés sont testés

Les pavés ont été posés en août 2017, sur une parcelle de 150 m2, au pied d’un immeuble de logements étudiants implanté au cœur du quartier.

Véolia teste maintenant le dispositif avec deux groupes de chercheurs à Nantes et Toulouse qui mesurent, à partir de capteurs, le rafraîchissement obtenu.

L’enjeu est d’améliorer l’indice de confort en fonction de l’hygrométrie, de la vitesse du vent, du degré de visibilité du ciel, de la température de l’air à un mètre cinquante de hauteur et des radiations solaires. Les études modélisent l’impact des différents aménagements urbains sur le confort et comparent différentes solutions intégrant les types de façades, la hauteur des plantations etc.… A l’issue des tests, les chercheurs connaîtront les conditions d’efficacité du dispositif et proposeront alors des itinéraires piétons (sur la piste ou sur une rue adjacente) en fonction des heures de la journée, en été ou en hiver. Le dispositif pourra alors être déployé sur la place centrale du projet, place très minérale.

De nombreuses interrogations restent cependant en suspend concernant les modalités d’entretien et de fonctionnement du dispositif, sa durée de vie, ses coûts de maintenance ou encore les engins susceptibles de l’endommager.

La contribution du programme Ville de Demain

Pour faire face aux surcoûts et devant le caractère innovant de la proposition, M. Poulou a décidé d’inclure cette action dans le cadre du dossier ÉcoCité de Toulouse Métropole, permettant ainsi la mobilisation des fonds Ville de Demain. Véolia porte ainsi le financement initial durant l’expérimentation et prend en charge l’exploitation - y compris la remise en état du site avec des ouvrages classiques, si l’expérience s’avérait non concluante. Ce partenariat a permis à la collectivité de s’engager en faveur de l’innovation et à Véolia de réduire son risque financier.

M. Poulou considère que c’est ce type d’aménagement, offrant un bénéfice directement perceptible, qui rend les usagers fiers d’habiter un territoire innovant.

Auteur : Marie Laure Papaix – Cerema Territoires et Ville